« On ne m’enlèvera pas ma moto » : à Rouen, 8 000 motards vent debout contre la ZFE

« On ne m’enlèvera pas ma moto » : à Rouen, 8 000 motards vent debout contre la ZFE

Les motards de plusieurs départements sont venus dénoncer, ce samedi, l’application dès le 31 août prochain de la Zone à faible émission (ZFE) pour les motos antérieures à 2004. La manifestation s’est achevée devant l’Hôtel de ville de Rouen.

Un cortège massif. Selon la Fédération française des motards en colère (FFMC), 8 000 motards se sont rassemblés ce samedi après-midi devant l’Hôtel de Ville de Rouen pour dénoncer la mise en place de la ZFE, zone à faible émission, dans 13 communes de la métropole rouennaise. Le cortège,(…)

Le 25 mars en Normandie, c’était contre les ZFE (Zones à Faible Émissions) que tout le quart nord-ouest de la Motardie s’est rassemblé. Des milliers de motards ont convergé vers Rouen, la capitale régionale.

Les ZFE kézako ?

Ces restrictions de circulation reviennent à interdire à ceux qui ont été chassés des centres villes par la hausse de l’immobilier de pouvoir y revenir avec leur véhicule. Bien entendu, l’intention est louable, diminuer la pollution dans les villes. Certes de nombreuses alternatives aux déplacements automobiles existent. D’ailleurs la moto est l’une des meilleures options, surtout en version dépolluée. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

C’est au pied du mur… qu’on voit le mur

Restreindre la circulation des véhicules les plus anciens, présumés plus polluants, revient à chasser ceux qui n’ont pas moyen de changer de véhicule et attise ainsi la rancœur contre les « bobos ».

Rat des villes et rat des champs

Les ZFE sont une mesure pour les centres urbains ! Mais c’est paradoxalement dans les banlieues et les zones rurales que la colère gronde. Entre 30 et 60 % des véhicules pourraient y être interdits des zones urbaines soumises aux ZFE. Ce sont les fameux « territoires voisins ou impactés » comme définis par la « concertation nationale sur les ZFE». En Seine-Saint-Denis, pourtant déjà concernée par la ZFE du grand Paris, c’est 70 % des véhicules qui pourraient rapidement être interdits de circuler.

Concertation nationale sur les ZFE

À l’initiative de France Urbaine, la FFMC a été invitée à cette concertation nationale pour y représenter les utilisateurs de deux-roues motorisés. La concertation va parler de « l’acceptabilité sociale » de la ZFE. Bref comment faire passer la pilule.

Pour résumer la première réunion à laquelle la FFMC a assisté, « la pollution ça tue », « c’est pas qu’on est contre la ZFE, mais… », « ça va être compliqué », tout en faisant émerger beaucoup de questions pour les frontaliers, la reconnaissance internationale des vignettes Crit’air, des problèmes de chaîne logistique (50 % des camions ne seront pas aux normes aux dates annoncées, qui changent tout le temps), contrôle sanction automatisé, … L’un des participants explique même à ce sujet que si les ZFE sont sans cesse repoussées c’est parce que le système de vidéo verbalisation indispensable à son application n’est pas prêt. Ambiance.

Ça parle aussi de transports en commun, prime à la conversion, transport d’animaux vivants, et des grandes agglomérations déjà concernées par des dépassements réguliers des niveaux de pollution réglementaires : Paris, Lyon, Marseille, Aix, Toulouse… avec une problématique particulière à Marseille et son port, gros producteur de pollution atmosphériques. Tiens, tiens, comme à Rouen…

Il y a aussi un souci d’harmonisation des ZFE (critère Crit’air, véhicules concernés, calendriers tous différents d’une ZFE à une autre…) , et « en même temps », le besoin d’adapter les restrictions de circulation aux circonstances particulière de chaque agglomération.

Comme l’énonce le coordonnateur national sur la qualité de l’air, il faut « s’élever au-dessus des tracasseries quotidiennes ». Ouais… y’a du boulot.

La FFMC de son côté a fait valoir la faible contribution des deux roues motorisés à la pollution (0,5% de la pollution des transports), la moindre occupation de la voirie, la consommation d’essence divisée par deux (en moyenne) par rapport à une voiture, la fluidification du trafic, et l’absence d’alternative électrique crédible pour une utilisation routière. Le coordonnateur a en effet noté que les 2RM figuraient plutôt parmi les véhicules vertueux. Bon c’est déjà ça.

Affaire à suivre : les ateliers de la concertation nationale sur les ZFE vont se poursuivre sur des sujets aussi divers que les transports de marchandises, les aides et l’accompagnement, les pollutions induites par les trafics routiers, la mobilité des personnes, la réglementation, la communication, etc. La FFMC continuera avec ténacité à y défendre l’usage du deux-roues motorisé et la moto-solution.

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