Radars sonores : Paris accélère sur la réduction du bruit

«La pollution sonore des deux-roues motorisées pourrit la vie des gens et la santé des Parisiens. On ne reculera pas sur la verbalisation», affirme Dan Lert.

La capitale renforce son plan d’amélioration de l’environnement sonore avec une série de mesures, dont la verbalisation des véhicules trop bruyants. Les deux-roues sont dans le viseur.

Halte aux pots d’échappements qui pétaradent et à la circulation tonitruante. Voitures de sport, motos débridées ou encore scooters vont devoir la mettre en sourdine dans la capitale. Paris va expérimenter des radars sonores pour sanctionner les véhicules trop bruyants. Le dispositif, rendu possible par la loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019, est une des mesures phares de l’ambitieux plan bruit de la mairie de Paris pour la période 2021-2026, que Libération a pu consulter en exclusivité. Le document sera voté le 12 octobre au Conseil de Paris avant de faire l’objet d’une large consultation publique pendant deux mois. Il prolongera et renforcera le plan bruit 2015-2021. Au programme, une série de mesures pour diminuer le bruit de voisinage, de l’industrie et surtout s’attaquer frontalement au problème numéro 1 à Paris : le bruit routier. Un calvaire pour les ménages, souvent les plus modestes, installés à proximité des grands axes.

Les pics de bruit sont dans le viseur, surtout ceux des deux-roues. «Une moto débridée qui circule la nuit à Paris peut réveiller jusqu’à 10 000 personnes», regrette Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique. Dès novembre, des radars anti-bruit seront donc installés dans les XXe et le XVIIe arrondissements, rue d’Avron et rue Cardinet. Ils fonctionneront d’abord pendant trois mois, sans verbalisation, «pour évaluer le fonctionnement du matériel en conditions réelles», précise le document de la mairie de Paris. Les appareils seront capables de mesurer le bruit et de prendre automatiquement en photo les plaques d’immatriculation des véhicules qui dépasseraient les seuils fixés (qui restent encore à définir). Le dispositif fonctionne sur le même modèle que les «Méduses» développées par Bruitparif, constituées de cinq micros et d’une caméra à 360 degrés. Cet observatoire qui surveille les décibels dans la capitale les a déjà testées en 2019 dans les Yvelines. Après une pause d’un an pour peaufiner le fonctionnement et la conformité des contrôles, les radars feront leur retour au début de l’année 2023. Les premières verbalisations interviendront à ce moment-là, sur une durée de quatre mois.

Facteur de stress et de fatigue

Cette expérimentation fait partie d’un projet à plus large échelle porté par le ministère de la Transition écologique, avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et l’Université Gustave-Eiffel (en Seine-et-Marne). Après des tests concluants à Nantes en juin, Nice, Toulouse, Bron (Rhône), Rueil-Malmaison, Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) et la communauté de communes de la vallée de Chevreuse (Yvelines) se sont portées volontaires au même titre que Paris.

En parallèle, des contrôles acoustiques routiers seront aussi menés par la nouvelle police municipale parisienne. Elle «sera équipée de sonomètres et formée au mesurage et à la verbalisation», précise le document du plan bruit, sans donner de chiffres sur les effectifs qui seront affectés à cette mission. La mairie de Paris presse également le gouvernement quant à l’obligation de contrôle technique des deux-roues pour prévenir les dérapages sonores. La mesure, qui devait entrer en vigueur à compter de 2023, a été suspendue cet été par l’exécutif, qui tarde à mettre en application une directive européenne en ce sens.

Diminuer les nuisances sonores dans la capitale était l’une des promesses de la maire, Anne Hidalgo, lors des municipales de l’an dernier. L’enjeu est de taille : la pollution sonore est le deuxième facteur de risque environnemental pour la santé derrière la pollution de l’air en Europe. «Le bruit a un impact sanitaire élevé : du stress, de la fatigue, des troubles de la concentration, particulièrement la nuit où le stress peut provoquer des pathologies. On a à l’arrivée des problèmes de surdité, de maladies cardiovasculaires, des troubles de l’anxiété, du diabète, de l’obésité», insiste Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique. Et de citer une étude de Bruitparif selon laquelle le bruit des transports fait perdre huit mois et demi de vie en bonne santé aux Parisiens.

«On ne reculera pas»

Sans surprise, les radars anti-bruit ne plaisent pas à tout le monde. La Fédération française des motards en colère (FFMC) s’offusque contre les futures sanctions. Même s’ils réussissaient à faire monter la fronde durant la consultation publique, la mairie affirme qu’elle ira jusqu’au bout. «La pollution sonore des deux-roues motorisées pourrit la vie des gens et la santé des Parisiens. On ne reculera pas sur la verbalisation», affirme Dan Lert.

Le nouveau plan bruit de Paris comprend aussi des mesures déjà annoncées ou mises en place, comme la généralisation des 30 km/h dans les rues de la capitale, le développement des voies cyclables, davantage contrôler et sanctionner le tapage nocturne, notamment les nuisances sonores liées aux terrasses. S’y ajoutent le déploiement de revêtements de sol à la fois moins bruyants et qui retiennent moins la chaleur, l’abaissement du bruit des sirènes des pompiers et des chantiers, le développement de cartographies du bruit des activités nocturnes ou encore la multiplication des livraisons silencieuses.

Source : Radars sonores : Paris accélère sur la réduction du bruit – Libération

 

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