Le vrai mensonge des résultats du 80 km/h

Le vrai mensonge des résultats  du 80 km/h

Bonjour à tous,

Suite aux déclarations de notre cher premier ministre concernant le bilan de la sécurité routière pour l’année 2018 et la pertinence, de son point de vue, de la mise en place des 80 km/h, j’aimerais ajouter quelques remarques complémentaires à la réaction du bureau national. Bien évidemment, la baisse du nombres de tués ne peut que nous réjouir. C’est plutôt l’explication donnée de ces chiffres qui pose problème.

J’ai consulté les statistiques de l’ONSIR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière), en détail pour les années 2017 et 2018, plus les statistiques annuelles de 2013 à 2016. Je ne vais pas vous abrutir de chiffres, vous pouvez les trouver sur le site de la sécurité routière. C’est rempli de beaux tableaux (dont certains sont mêmes utiles), c’est bien, ça occupe du monde !

J’en ai tiré les conclusions suivantes (comparaisons faites sur les chiffres métropole) :

  • la comparaison entre le premier et le deuxième semestre 2018 ne fait pas ressortir une différence significative entre les deux semestres. En clair, la baisse en pourcentage du nombre de tués est sensiblement la même par rapport à 2017 ;
  • par exemple, mai et juin ont enregistré des baisses respectivement de 8,4 % et 9,3 %, contre 15,5 % en août et 0 % en décembre ;
  • le ministre de l’Intérieur a expliqué que 50 à 60 % des radars avaient été rendus inopérants suite à la crise des gilets jaunes (remarque étant faite que les dégradations avaient commencé à augmenter dès la mise en place des 80 km/h). Pour autant, la mesure de la vitesse étant opérée par des ondes, ils sont restés fonctionnels pour cette mesure. Résultats : environ 250 % de dépassement de la vitesse autorisée en novembre et décembre ;
  • problème pour l’argumentaire de la sécurité routière : sur ces deux mois, pas d’augmentation du nombre de tués, contrairement aux prédictions de l’ineffable délégué à la sécurité routière et à sa grande amie de la ligue contre la violence routière ;
  • j’ai également remarqué que les chiffres des tués entre 2013 et 2018 évoluent peu, ils sont compris entre 3 260 et 3 477 ;
  • en sortant de la sphère statistique, qui démontre déjà à l’envi la mauvaise foi de nos gouvernants, force est de constater qu’ils fonctionnent de la même manière sur tout ce qui concerne la sécurité routière. Un exemple : la baisse du nombre de victimes de la route est attribuée uniquement à la mise en place des radars. Que font-ils des progrès en matière de sécurité active et passives sur les véhicules : freinage ABS, habitacle indéformable, airbags, antipatinage et autres ?
  • certaines études américaines ont prouvé que ce n’est pas la vitesse qui pose problème, mais la différence de vitesse entre les usagers. En clair, si tout le monde roule à la même vitesse, élevée ou pas, il y a moins d’accidents (voir les autoroutes allemandes).

 

J’aurais encore d’autres argumentaires, mais point trop n’en faut si l’on ne veut pas lasser le lecteur.

En conclusion, je dirais que des responsables politiques et de la fonction publique – ceux qui font preuve d’un tel mépris de la vérité et de l’honnêteté intellectuelle – ne méritent pas les fonctions qu’ils occupent et ne font qu’alimenter la défiance de leurs concitoyens. Dans la conjoncture actuelle, c’est grave. La seule mesure politique intelligente serait d’annuler purement et simplement cette limitation sur l’ensemble du territoire, et pas au niveau des départements ce qui engendrerait à nouveau une inégalité de traitement entre les citoyens.

À bientôt,

Luc

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