Même sans vous, Monsieur le Premier ministre
Monsieur le Premier ministre,
Malgré une opposition sans précédent au projet de décret abaissant la limitation de vitesse sur les routes départementales à 80 km/h, vous avez cru bon de persister et de signer pour faire appliquer cette mesure vaille que vaille.
Dire que cette mesure est absurde, qu’elle est stupide et qu’elle sera contreproductive appartient maintenant à la cohorte des protestations vaines.
À chaque remarque ou suggestion, qu’elle vienne des citoyens, des professionnels de la route ou des élus, vous avez fait la sourde oreille en affirmant, de façon caricaturalement démagogique, votre volonté d’épargner des vies humaines.
Ce souci, vous le savez, nous le partageons depuis toujours.
La différence qu’il y a entre nos deux approches est que nous n’avons que faire d’un vague succès d’estime. Nous sommes complètement indifférents à quelque effet d’annonce que ce soit. Nous ne cherchons aucunement à récolter autre chose que la reconnaissance de notre abnégation, et la prise en compte de nos efforts.
Car la sécurité routière est, pour nous, pas seulement un chiffre, pas seulement une statistique. C’est l’assurance d’un bien vivre ensemble, c’est la joie de voyager et de se déplacer dans la plus grande des sérénités, c’est le plaisir du partage de la route. C’est enfin l’assurance de voir longtemps nos êtres chers même si nous devons nous déplacer pour les retrouver.
Alors, même sans vous, M. le Premier ministre, nous continuerons à faire de la sécurité routière notre combat.
Même sans vous, nous irons encore dans les collèges et lycées pour aider nos jeunes à prendre conscience des risques de la route. Même sans vous, nous organiserons des sorties pédagogiques afin d’aider les novices ou les motards qui reprennent la moto à acquérir des réflexes et des comportements sécuritaires. Même sans vous, nous tiendrons des Relais Calmos sur les routes des vacances pour offrir aux motards des étapes amicales restructurantes. Et même sans vous, nous continuerons à proposer de vraies mesures de sécurité (comme la formation continue en conduite tout au long de la vie par exemple) via notre participation aux travaux de la CNSR (Commission Nationale pour la Sécurité Routière).
Loin d’être un tremplin pour promouvoir quoi que ce soit dans notre propre intérêt, la sécurité routière est dans notre ADN. La solidarité, le monde motard la connait. La douleur de perdre des proches, malheureusement, aussi.
Vous avez réussi en quelques mois et en de nombreuses postures dédaigneuses à réveiller la colère qui a été à l’origine de la création de notre mouvement.
Ce « C » de FFMC, nous souhaitons de tout cœur qu’il soit aussi compris en tant qu’initiale du mot Citoyen. Mais vous ne nous facilitez pas la tâche et il faudra longtemps maintenant avant que cette légitime colère s’apaise. Nous serons vigilants quant à l’évolution de la situation sur nos routes et vous pouvez compter sur nous pour diffuser le plus largement les vraies raisons de chaque accident grave qui aura pu se produire.
Nous vous prions d’agréer nos salutations dans le respect que nous devons à votre fonction, et vous assurons de notre volonté inébranlable d’œuvrer efficacement à une vraie politique de sécurité routière.
Même sans vous.
FFMC 88
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